Stefania Blasidirectrice principale, Ventes et stratégie mondiales, Marché vertical industriel, Purolator Inc.
Principale experte en solutions de logistique industrielle de Purolator, Stefania Blasi cerne les besoins exacts des entreprises et les aide à faire croître leurs revenus à l’aide de solutions d’expédition novatrices et d’initiatives stratégiques. C’est grâce à cette ambition que Stefania Blasi a su nouer de partenariats commerciaux solides avec certains des principaux clients nationaux et internationaux du marché vertical industriel.
Dans un contexte d’incertitude tarifaire, les entreprises nord-américaines du marché secondaire de l’automobile peuvent connaître un succès de l’autre côté de la frontière
Personne ne connaît le dénouement exact, mais la guerre commerciale nord-américaine de 2025 a rendu de nombreuses entreprises inquiètes quant à leur avenir à court terme. C’est notamment le cas du secteur hautement intégré du marché secondaire de l’automobile. En effet, ce marché dépend d’un accès constant aux pièces et aux fournitures qui sont transportées entre les États-Unis, le Canada et le Mexique.
Si, comme le menace le président des É.-U. Donald Trump, un tarif douanier de 25 % (en anglais seulement) est imposé sur toutes les marchandises en provenance du Canada et du Mexique, les répercussions se feront sentir dans l’ensemble du secteur de l’automobile. Flavio Volpe, président de l’Association des fabricants de pièces d’automobile du Canada, a utilisé le terme existentiel pour décrire l’incidence qu’une augmentation tarifaire à deux chiffres aurait sur l’industrie automobile nord-américaine (les liens mènent vers des pages en anglais seulement). Selon CNBC (en anglais seulement), « Zéro : le meilleur tarif pour les fournisseurs de pièces d’automobile canadiens et américains ».
Dans la même optique, une analyse de la U.S. Auto Care Association (ACA) (en anglais seulement) explique que toute augmentation tarifaire sera ultimement transférée aux consommateurs. Elle imposerait ainsi « une charge financière aux familles qui tentent de se procurer des pièces à un prix abordable pour réparer et entretenir leurs véhicules ». Comme le fait remarquer l’ACA, un tarif de 25 % imposé sur une pièce d’automobile indispensable se traduirait par une augmentation de 25 % du coût pour le consommateur. Il est probable qu’on observe une baisse de la fréquence des entretiens de véhicules à un moment où 25 % des consommateurs admettent déjà avoir retardé l’entretien de leurs véhicules, principalement en raison des coûts.
Malgré l’incertitude tarifaire, la conformité aux douanes demeurera obligatoire
Peu importe le dénouement de la situation actuelle, les pièces du marché secondaire qui traversent la frontière devront tout de même respecter l’ensemble des exigences douanières et réglementaires. Les entreprises devront quand même répondre à des exigences de livraison strictes, y compris les attentes relatives à un service uniforme et garanti.
Une entreprise du marché secondaire ferait donc bien de faire le point sur sa stratégie transfrontalière actuelle, surtout en ce qui concerne l’efficacité des considérations douanières et réglementaires. Bien que tous les produits doivent respecter les exigences douanières et réglementaires, une certaine souplesse est possible dans la façon dont ces obligations sont satisfaites afin de contribuer à réduire les coûts.
- Par exemple, vos envois sont-ils admissibles à un traitement accéléré aux douanes? Une telle démarche réduirait les exigences en matière de documentation.
- Avez-vous la certitude que vos envois ont reçu le bon code de classement tarifaire et que leur valeur a été évaluée correctement?
- Tireriez-vous profit d’une stratégie de regroupement qui offre un processus douanier simplifié et des frais de traitement réduits?
Tous ces aspects du processus de conformité pourraient avoir une incidence sur votre chiffre d’affaires.
Comprendre les exigences douanières
La plupart des entreprises considèrent le processus de conformité comme un élément inévitable et rigide des activités transfrontalières. Le processus est certes inévitable, mais il est possible de gagner une certaine souplesse en fouillant dans les détails. Voici quelques exemples :
1. Commencer par la base – Vérifier le classement tarifaire et l’évaluation de la valeur.
Cette étape essentielle peut sembler évidente, mais il faut tout d’abord s’assurer que tous les renseignements figurant sur un formulaire des douanes sont exacts et complets. Plus particulièrement, il convient de vérifier si le bon code de classement tarifaire est attribué et si la bonne valeur est associée au produit.
Classement tarifaire : Chaque produit qui traverse une frontière internationale doit se voir attribuer un code de classement tarifaire. Ces codes de classement identifient les produits lors de leur déplacement entre les marchés internationaux et déterminent les tarifs. Toutefois, il peut être assez difficile de sélectionner le bon code. En effet, étant donné les milliers de codes proposés et les différences subtiles entre eux, le processus peut être difficile et déroutant. Le processus est si difficile, qu’un audit de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a révélé que 20 % des envois arrivant à la frontière canadienne étaient mal classés. Par conséquent, la mauvaise évaluation des droits de douane pouvait augmenter ou réduire le montant des droits exigibles.
Il est donc important pour une entreprise du marché secondaire de prendre le temps d’attribuer le bon code. Plusieurs outils en ligne sont offerts pour vous aider, notamment l’Assistant commercial de Purolator, l’outil tarifaire de l’ALE (outil en anglais seulement) du gouvernement des États-Unis et l’Info-Tarif Canada.
Une autre option consiste pour une entreprise ou un professionnel du commerce agissant en son nom de demander une décision anticipée aux autorités douanières des É.-U., du Canada ou du Mexique. Les entreprises obtiennent ainsi une certitude quant au classement tarifaire de leurs produits.
Valeur du produit. Les droits et les taxes sont appliqués en fonction d’un pourcentage. En ce sens, une entreprise doit s’assurer que la valeur du produit indiquée sur les documents pour les douanes est exacte. Une évaluation à la hausse d’un produit peut se traduire par une augmentation des droits de douane. Prenons l’exemple d’un convertisseur catalytique d’une valeur de 300 $ assujetti à un taux tarifaire de 8 %. Ce tarif représente 24 $. Si le tarif passe à 25 %, l’évaluation augmenterait de 75 $. Qu’arrive-t-il si la valeur du convertisseur catalytique est erronée et que la valeur réelle est de 250 $? Dans ce cas, le montant du tarif de 25 % serait de 62,50 $, soit une différence considérable.
L’évaluation en douane est un renseignement important requis. Comme pour le classement tarifaire, il peut être difficile de déterminer la bonne valeur. Les expéditeurs peuvent utiliser différentes méthodes (en anglais seulement) en fonction des circonstances uniques de leur envoi. Toutefois, étant donné le potentiel de réduction des coûts, une entreprise pourrait vouloir investir du temps pour s’assurer que ses produits sont évalués avec précision.
2. ACEUM – Droits, taxes et expédition express
L’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) (en anglais seulement) élimine les droits de douane et tarifs sur les marchandises admissibles transportées entre les É.-U., le Mexique et le Canada. Le statut de l’Accord est au cœur du différend commercial actuel. Au-delà des tarifs douaniers, l’ACEUM comprend d’autres dispositions pouvant être avantageuses pour les entreprises du marché secondaire.
Exemptions de minimis. Avant le conflit commercial, les envois qui arrivaient à la frontière par l’entremise d’un transporteur express (p. ex., Purolator) pouvaient être admissibles à des économies sur les droits/taxes grâce à ce qu’on appelle la valeur d’exemption de minimis (en anglais seulement). La valeur de minimis correspond au seuil, établi par chaque pays, à partir duquel les droits ou les taxes sont perçus. Tout produit dont la valeur est inférieure au seuil de minimis est exempté, tandis que les produits dont la valeur y est supérieure sont assujettis aux droits/taxes applicables. À mesure que le conflit commercial évolue, on ne sait pas comment ou si ce seuil sera touché.
L’ACEUM aborde les seuils de minimis comme suit :
- Les envois à destination du Canada d’une valeur inférieure à 40 $ CA sont exemptés des droits et taxes. Les envois d’une valeur inférieure à 150 $ CA ne sont pas assujettis aux droits de douane. Les envois admissibles peuvent également éviter les procédures d’entrée officielle, ce qui signifie un dédouanement plus rapide et moins coûteux.
- Le Mexique conserve un seuil de minimis pour l’admissibilité à l’exemption de droits de douane de 117 $ US. La valeur de minimis de l’exemption d’impôt est de 50 $ US.
- Aux États-Unis, le seuil de minimis est fixé à 800 $, soit le plus élevé au monde. De cette façon, les marchandises d’une valeur de 800 $ ou moins peuvent entrer aux États-Unis en franchise de droits.
TOUTEFOIS, ces seuils ont été fixés dans le cadre du contexte commercial précédent. On ignore encore si ces seuils changeront ou non à mesure que le différend commercial se déroulera au cours des prochaines semaines et des prochains mois.
3. Programme des messageries d’expéditions de faible valeur
Les envois à destination du Canada peuvent bénéficier du Programme des messageries d’expéditions de faible valeur (EFV) du pays, qui permet la déclaration non officielle de tous les envois commerciaux d’une valeur maximale de 3 300 $ CA. Pour être admissible, un envoi doit être transporté par une entreprise qui participe au programme d’EFV et les marchandises ne doivent pas être réglementées, contrôlées ou interdites.
4. Regroupement
Une stratégie de regroupement des envois est une autre option pour améliorer l’efficacité aux douanes. On a tendance à voir le regroupement comme une façon d’améliorer l’efficacité de l’expédition, mais il peut également être très efficace pour gérer le processus de dédouanement à la frontière.
Le regroupement consiste à combiner de petits envois dans une seule unité plus importante. Purolator International offre une solution qui permet à tous les envois à destination du Canada, messagerie et fret, de traverser la frontière sous la forme d’une seule unité. Ces envois arrivent souvent au Canada le jour même de leur cueillette aux É.-U. À la frontière, l’envoi regroupé est dédouané par le biais d’une seule déclaration. Il n’est donc pas nécessaire (a) de remplir des documents distincts pour chaque article et (b) de payer des frais de douane distincts.
Une entreprise qui expédie de grands volumes de petits envois peut profiter du regroupement afin de gérer efficacement le processus à la frontière.
5. Transit sous douane pour les envois entre le Canada et le Mexique
De nombreuses entreprises canadiennes du marché secondaire ont établi des relations avec des fournisseurs mexicains. En 2023, on estime que 13 % des importations de pièces canadiennes provenaient de fournisseurs mexicains et que les entreprises mexicaines achetaient 7 % des exportations canadiennes. Ces chiffres sont nettement inférieurs aux activités de vente avec les États-Unis; celles-ci représentent 90 % des exportations canadiennes et 87 % des exportations mexicaines de pièces. Toutefois, les fournisseurs non américains pourraient être une option viable si l’imposition de tarifs élevés devient une réalité.
Les entreprises canadiennes qui achètent des marchandises de fournisseurs mexicains pourraient faire transiter leurs envois par les États-Unis sous forme d’envois « sous douane » (en anglais seulement). Ainsi, les envois peuvent circuler en continu sur le territoire américain sans avoir à payer de droits de douane ou à remplir des documents douaniers officiels. L’expédition sous douane est offerte par la U.S. Customs and Border Protection (en anglais seulement), mais les envois sont limités aux transporteurs autorisés, y compris Purolator.
La communauté commerciale nord-américaine a commencé 2025 dans un état d’incertitude et attend de voir comment les tensions croissantes seront résolues. Les représentants élus de Washington, d’Ottawa et de Mexico se penchent sur la situation. Entre-temps, les entreprises peuvent tirer parti des possibilités d’amélioration de l’efficacité du processus de conformité douanière.
Si vous voulez en savoir plus, téléchargez notre livre blanc intitulé Considérations douanières et réglementaires pour les expéditeurs transfrontaliers du marché secondaire automobile.